LGV et projets de chemin de fer : l'histoire se renouvelle
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En 1830, le professeur Dyonysius Lardner affirme que le voyage en chemin de fer à grande vitesse n'est pas possible car les passagers incapables de respirer mourraient par asphyxie
En 1836, François Arago à l'occasion de la création de la ligne Paris-Versailles, exprime ses doutes et ceux de certains médecins quant aux effets sur l'organisme des changements brusques de température lorsque le train passe dans un tunnel
Et les arguments environnementaux s'en suivent :
- En 1843, OZANAM reprochait au chemin de fer " de ne pas avoir que des avantages parce qu'il défigure le paysage »
- M. MATHON, conseiller municipal de Forges-les-Eaux, "proteste parce que le viaduc prévu dans sa commune aura un effet disgracieux."
- Et, on accuse le chemin de fer de barrer les perspectives et que les arbres tombent pour lui laisser place.
- Les ouvrages d’art apparaissent comme des verrues dans la campagne..... dont beaucoup sont pourtant, maintenant, inscrits à l'inventaire des monuments historique comme celui de Garabit
- Et la liste est longue des méfaits supposés........
Dès la fin du 19ème siècle, les discussions s'enveniment pour la construction des nouvelles lignes.
Des municipalités se déchirent pour bénéficier du nouveau mode de transport.
Les pétitions s'accumulent sur les bureaux des conseils généraux
Les conseils municipaux rédigent des lettres implorantes aux décideurs.
Tous les arguments sont bons pour faire fléchir les conseillers généraux
Telle municipalité estime que si le chemin de fer ne dessert pas sa commune, cette dernière ne survivra pas. Une autre déclare que le train doit passer chez elle car il y a beaucoup de trafic attendu.
Souvent l’administration s’est retrouvée devant un dilemne : choisir un tracé court mais jalonné de tunnels et de viaducs ou opter pour un tracé allongé mais qui évite les obstacles naturels.
Pour des raisons financières, les élus doivent établir des lignes prioritaires et freiner l’avance des autres projets vieux de 40 ans.....
Tout cela n'évoque-t'il pas un discours que l'on entend ou lit tous les jours dans notre région depuis que l'on parle LGV, amplifié par certains avec l'ouverture du débat public de la POCL
Plus près de nous : Puy de Dôme Nature Environnement , les Amis de la terre, la FNAUT et le Comité proposition A75 ont mené une campagne parce que la vallée du Tarn, dans l'Aveyron, était menacée de défiguration par le Viaduc de Millau.
Que ce projet "pharaonique" était censé faire disparaître les embouteillages accumulés sur Millau par l'autoroute A 75. Mais que le parti pris choisi, celui d'un gigantesque viaduc, accumulait les nuisances : destruction du paysage, menaces sur l'environnement, coûts prohibitifs sous-évalués, désertification du territoire et la consultation démocratique de la population a été tronquée.
Et que sans doute aurait-il été préférable d'anticiper ces problèmes et de privilégier le transport par rail (notamment par la modernisation de la ligne SNCF Paris - Clermont-Ferrand - Neussargues - Béziers)......
http://www.agirpourlenvironnement.org/campagnes/c6.htm
Les arguments employés ne sont donc pas neufs, mais sont toujours d'actualité . Certains vont jusqu'à exploiter et à s'emparer de tous les entre-filets de la presse pour démonter le bien fondé de leur opposition systématique .
Il n'y a pourtant, rien de neuf sous le soleil et l'histoire a bien souvent démontré que les craintes s'étaient révélées infondées et inutiles .
L'histoire des chemins de fer et celle du Viaduc de Millau sont là pour démonter à contrario le succés qui s'en est suivi.
Ce n'est pas pour autant qu'il serait illégitime d'exprimer ses doutes. Tout combat reste honorable et respectable à condition d'être mené avec conviction, honnêteté et dans le respect des conceptions différentes.