POLT : Accident de Brétigny : le rapport qui accable la SNCF
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Un rapport vient d'être versé à l'enquête concernant le déraillement du train Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge, en juillet 2013. Celui-ci met en cause la maintenance des voies SNCF "Que la maintenance soit déficitaire, on le sait... malheureusement", commente Frédéric Cuvillier.
Selon lui, "il est indispensable de réorienter l'investissement ferroviaire sur l'amélioration des lignes secondaires du réseau, qui assurent le maillage de la France.
Dans un rapport remis à la justice, un expert indépendant pointe la maintenance erratique des voies du Paris-Limoges. Il la considère à l'origine du déraillement qui a fait 7 morts en juillet dernier
http://www.leparisien.fr/faits-divers/accident-de-bretigny-le-rapport-qui-accable-la-sncf-10-06-2014-3910707.php
C'est le premier rapport indépendant sur l'accident. Le plus inquiétant aussi. Nommé dès
les premières heures de l'enquête, l'expert judiciaire Robert Hazan a rendu ses premières conclusions
sur le déraillement de l'Intercités Paris-Limoges le 12 juillet dernier. Le drame, qui a tué 7 personnes
et en a blessé 32 autres, a bien été causé par le basculement d'une éclisse -- la pièce reliant deux rails
sur une zone d'aiguillage -- autour de son boulon.
Mais l'accidentologue révèle surtout que cette négligence en cachait d'autres, bien plus alarmantes :
sur les 154 boulons contrôlés par l'expert sur le secteur, 59, soit plus d'un tiers, étaient desserrés,
cassés, ou carrément absents de leur logement !
Présent sur les lieux le lendemain de la tragédie, Robert Hazan a demandé que la jonction en cause
soit découpée à la tronçonneuse afin d'examiner l'ensemble de la boulonnerie. Ses conclusions,
communiquées aux trois juges d'instruction d'Evry (Essonne) en février dernier, sont édifiantes.
Sur la première partie du secteur contrôlé, qui comprend 77 boulons, 18 d'entre eux étaient desserrés,
dont 1 complètement, et 3 absents. Ce sont ces trois derniers boulons manquants qui ont entraîné le basculement de l'éclisse à l'origine de l'accident, selon l'expert.
Mais ce n'est pas tout. Sur la deuxième partie examinée, qui comprend également 77 boulons
au total, 25 étaient desserrés et 13 manquants. Sur les deux secteurs, les attaches de rail,
censées maintenir la voie au sol, n'étaient pas épargnées : sur les 92 attaches présentes, une était
absente. Les 52 attaches du coeur -- la partie métallique centrale en « X » du système d'aiguillage -- comportaient quant à elles 2 boulons cassés « antérieurement à l'accident », précise l'expert.
Fort de ces éléments à charge, le jugement de l'accidentologue est sévère à l'égard de la SNCF,
manifestement peu regardante sur la maintenance de ses voies. « Nous rappelons alors que
compte tenu des fréquents passages des trains sur les rails, le système boulon-écrou doit être
présent et régulièrement resserré », souligne-t-il comme une évidence. Or vu l'état des voies
« lors du passage de l'Intercités 3657, l'accident est alors inévitable », conclut-il encore.
Pire : les rapports d'inspection réalisés par les techniciens de la SNCF sur cette jonction dans
les mois précédant l'accident, et dont l'expert a pu se procurer copie, ne révèlent aucune
défaillance majeure. Le spécialiste préconise néanmoins une expertise métallurgique sur les pièces
en cause pour déterminer leur état avant l'accident. « On sait que cette voie est en mauvais état,
commente un cheminot de l'entreprise publique spécialisé dans la maintenance.
Si l'expert était allé sur le site de la gare du Nord ou celui de Saint-Lazare, il aurait constaté
la même chose. » Le technicien nuance malgré tout le risque pour les voyageurs.
« Ce n'est pas pour ça que la voie est dangereuse. Un boulon manquant ne fait pas dérailler un train.
Et puis rien ne dit non plus que ces boulons ne se soient pas détachés suite à l'accident.
Après, il ne faut pas se voiler la face. On sait que les moyens donnés à la maintenance ont diminué ces dernières années. »
Contactée, la SNCF, « n'ayant pas accès à ce document, n'est pas en mesure de le commenter »,
mais explique avoir créé une « commission d'experts sur le boulonnage » en mars dernier.
Composée de six spécialistes extérieurs à l'entreprise publique, elle va « analyser le niveau
de maîtrise des assemblages boulonnés sur les voies » et remettra une première série de
recommandations d'ici à l'été. « L'enquête ne peut se faire sur la foi d'un seul rapport sorti de
toutes autres considérations », ajoutait hier la SNCF.