LGV Limoges-Poitiers : oubliée lors du lancement officiel des travaux de la LGV SEA !
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Faut-il y voir la marque du privé ? La cérémonie de lancement du chantier de la LGV Sud Europe Atlantique, hier au siège de Lisea à Biard, s'est avérée tout, sauf ennuyeuse. Là où on s'attendait à un concert de discours lénifiants, le concessionnaire privé de la ligne, filiale du groupe Vinci, s'est livré à un exercice de transparence que certains ont qualifié d'honnête et qui mérite a minima le qualificatif d'habile.
A commencer par le petit film réalisé pour présenter le projet lors des différentes cérémonies de lancement. Les intervenants qui émettent au moins des réserves sur le projet (associations de riverains, élus...) y ont la part belle. Et le président de Lisea, Hervé Tricot, enfonce le clou : « L'impact du chantier en matière de nuisances sera fort. Notre engagement, c'est de chercher avec vous des solutions pour les riverains. » Ceux-ci seront d'ailleurs destinataires dans peu de temps du nouveau journal de Lisea spécialement rédigé à leur intention et tiré à 150.000 exemplaires.
Lisea n'a donc pas doré la pilule hier. Elle en a cependant adouci l'amertume en rappelant, et c'est bien naturel, les retombées économiques du projet en termes d'emplois directs ou induits, de désenclavement de la région...
Hier, il fallait se montrer très attentif aux propos d'Hervé Tricot pour tenter d'y décrypter des perspectives d'avenir.
L'absence de mention de Limoges (lire ci-desoous) présage mal de l'avenir du projet de barreau vers le Limousin. Quant aux arrêts des trains en gare de Poitiers, Angoulême ou Châtellerault, leur fréquence reste en suspens. Devant le maire de Poitiers, très opposé à la construction d'une gare TGV à Biard, le président de Lisea a rappelé : « Il n'y aura pas de gare nouvelle, a priori. »
Toute la subtilité de cette déclaration réside dans le « a priori ». N'en déplaise aux élus locaux, Lisea semble penser qu'un nombre raisonnable de trains ne s'arrêtera à Poitiers, station minuscule à l'échelle européenne, qu'à la condition qu'ils y perdent le moins de temps possible. Les terrains pour la construction éventuelle d'une future gare à l'extérieur de Poitiers sont d'ailleurs réservés et il faut sans doute s'en féliciter.
Et Limoges dans tout ça?
Alain Rodet, le député-maire de Limoges qui avait fait spécialement le déplacement de Poitiers hier, a attendu en vain de la bouche du président de Cosea ou du représentant de Réseau ferré de France qu'ils fassent la moindre allusion au rattachement ferroviaire de la capitale du Limousin à la future ligne Sud-Europe Atlantique. Un peu comme si le sujet était tabou.
C'est finalement Alain Claeys, son alter ego poitevin, qui a mis les pieds dans le plat en rappelant que l'ensemble des parlementaires présents ont voté en faveur d'une liaison à grande vitesse entre Limoges et Poitiers : « Nous réaliserons les deux projets », a martelé Alain Claeys. « Ce serait une faute de ne pas saisir cette opportunité pour nos territoires. »
Il faut ajouter à cet article, que le Conseil Régional de Poitou-Charentes et le Conseil Général de la Vienne ne se sont engagés que sur le financement des études et n'ont pas l'intention,actuellement, de financer le projet .